Les travaux de thèse de Corentin Le Saos-Patrinos s’intéressent aux TFH, c’est-à-dire aux cellules lymphocytes T folliculaires helper présentes notamment dans les ganglions et nécessaires à la production des anticorps. Le but de ces travaux était de voir si ces cellules sont impliquées dans la physiopathologie de la leucémie lymphoïde chronique. Dans ce cancer du sang, une prolifération incontrôlée de lymphocytes B tumoraux est observée. Chez les personnes saines, les lymphocytes B interagissent avec les TFH. Les chercheurs se sont donc demandés si ces TFH étaient aussi impliqués dans la maladie.
Pour vérifier cela, l’équipe de scientifiques a constitué une cohorte d’une cinquantaine de patients non traités dont ils avaient les données biologiques et cliniques, grâce à une collaboration avec le service d’hématologie clinique de l’hôpital Haut-Lévêque. Les patients ayant des manifestations variables, ils ont été classés selon le score de Binet en fonction de leurs caractéristiques cliniques et biologiques. Les scientifiques ont veillé à ce qu’aucun patient ne soit sous traitement afin d’éviter tout biais.
Un phénotypage par cytométrie en flux a été réalisé sur le sang des patients afin de découvrir le type de lymphocyte T présent et de le comparer avec des patients sains.
Par cette analyse, les chercheurs ont pu découvrir différentes populations grâce aux différents marqueurs. Ils ont observé une augmentation des lymphocytes TFH chez les patients mais aussi un profil différent des cellules TFH par rapport aux personnes saines : on retrouve plus de TFH de type 1.
Ainsi, plus les patients sont à un stade avancé de la maladie, plus on dénombre des TFH dans leur sang. Les TFH sont corrélés à la quantité de cellules tumorales qu’il y a dans le sang des patients.
Les chercheurs se sont donc demandés si ces TFH pouvaient avoir un rôle dans la progression de la maladie ou s’ils pouvaient venir en soutien aux lymphocytes B tumoraux. Ils ont donc vérifié cela in vitro en mettant en culture des lymphocytes TFH en présence des cellules tumorales et ont pu montrer que ces cellules TFH permettent une meilleure survie des lymphocytes B tumoraux.
En effet, les lymphocytes B tumoraux seuls in vitro vont rapidement mourir alors qu’ils vont connaitre une induction de la prolifération s’ils sont mis en culture avec des lymphocytes TFH. Corentin Le Saos-Patrinos a cherché le mécanisme responsable de cette induction de la prolifération : il s’agit de l’interleukine 21.
Cette publication a donc un apport significatif puisqu’elle confirme l’augmentation de TFH et leur effet direct sur la prolifération et la survie des cellules tumorales.
Enfin, une partie des patients atteints de leucémie lymphoïde chronique va développer des complications telles que les risques d’infections répétées, nuisant à leur état de santé. En effet, ces patients vont connaitre une diminution du taux d’immunoglobuline.
L’équipe d’ImmunoConcEpT a mis en évidence que plus le taux de TFH1 dans le sang est élevé, moins il y a d’anticorps chez les patients leucémiques. Pour la première fois, les chercheurs ont montré le lien entre cette augmentation de la population de TFH1 et le risque infectieux chez les patients.
Néanmoins, cela doit encore être vérifié in vitro et fera l’objet d’une nouvelle étude.
La suite du papier sera réalisée sans Corentin Le Saos-Patrinos, actuellement en post-doctorat dans un laboratoire d’immunologie à l’Université de Pennsylvanie.