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Mise en lumière de la publication « Is infantile hemangioma a neuroendocrine tumor? »

Mise en lumière de la publication « Is infantile hemangioma a neuroendocrine tumor? » de l’équipe 05 – recherche translationnelle en cancérologie cutanée et maladies cutanées rares (trio2) de l’U1312 BRIC.

Publiée le

Priscilla Kaulanjan-Checkmodine, Sandra Oucherif, Sorilla Prey, Christine Léauté-Labrèze, Alain Taieb, François Moisan et Hamid Reza Rezvani, issus de l’Unité BRIC travaillent depuis une dizaine d’année sur l'hémangiome infantile cutané, tumeur infantile la plus fréquente, affectant 5 à 10 % des nouveau-nés. Ils viennent de publier leurs recherches.

C’est au CHU de Bordeaux, en 2007, que l’Unité de dermatologie pédiatrique du Pr Taieb et du Dr Labrèze fait la découverte fortuite que le propranolol est efficace contre cette tumeur infantile, la faisant réduire de manière drastique très rapidement, allant jusqu’à sa disparition.

Suite à cette découverte, un brevet est déposé et une première publication parait en 2008 dans The New England Journal of Medicine. Un partenariat avec le laboratoire Pierre Fabre débute et permet de financer, avec diverses subventions publiques et privées, des postes afin de poursuivre les recherches sur l’hémangiome infantile (HI). Plusieurs doctorants et post-doctorants se sont ainsi succédés afin d’étudier cette thématique : Johan Nissen, François Moisan, Sorilla Prey, Priscilla Kaulanjan-Checkmodine et Sandra Oucherif.

Les raisons de l’apparition de l’hémangiome n’étant pas connues et aucun modèle expérimental existant, il a d’abord fallu comprendre comment le propranolol agissait sur cette maladie.

C’est donc une recherche translationnelle inversée qui débute, puisque contrairement aux recherches habituelles, les travaux ont commencé à l’hôpital avant de se poursuivre à la paillasse. Ainsi, l’objectif des chercheurs a été d’identifier et comprendre le mécanisme d’action du propranolol dans l’hémangiome. Des moments de découragements ont pu se faire ressentir chez les chercheurs, en raison de la particularité de cette étude : au début, le médicament fonctionnait sur les patients mais les expérimentations ne marchaient pas.

Les post-doctorants et étudiants en thèse ont beaucoup travaillé sur le sujet pour comprendre son mécanisme. Un modèle de glioblastome répondant au propranolol a permis d’isoler par protéomique une cible moléculaire, l’aquaporine 1. En examinant ce marqueur dans des échantillons d'hémangiome humain, une couche périvasculaire, jusqu'à présent non reconnue dans l'HI, constituée de télocytes a été identifiée.

Un modèle 3D d’angiogenèse a été mis au point avec l’aide d’une équipe de l’Université de Genève, à partir de cellules isolées d’hémangiome (cellules endothéliales, péricytes et télocytes). Ce modèle d’hémangiome a permis de clarifier le rôle des récepteurs cibles (ADRB2) et de la noradrénaline. Ces travaux ont abouti à une publication dans PNAS en 2021, dont la publication discutée est un « sister paper ».

L’équipe de dermatologie pédiatrique (Dr Labrèze) et l’équipe de chirurgie (Dr Loot) du CHU de Bordeaux entretiennent une étroite collaboration avec les chercheurs de l’équipe de dermatologie TRIO2 co-dirigée par le Dr Hamid Rezvani et le Pr Marie Beylot-Barry (Équipe 05 – Recherche translationnelle en cancérologie cutanée et maladies cutanées rares – TRIO2), ce qui est clé dans la réussite de cette recherche translationnelle.

Dans cette dernière publication, les chercheurs se demandent si l’hémangiome pourrait être rattaché aux tumeurs neuroendocrines, car la tumeur a la capacité de fabriquer de la noradrénaline et que le propranolol qui est une molécule antagoniste au niveau des récepteurs ADRB2 supprime son effet sur la croissance tumorale.

Les recherches se poursuivent par ailleurs, pour tenter de soigner les maladies ayant la même mécanistique que l’hémangiome, notamment les cancers vasculaires et cutanés.

En lien avec ces travaux, le Prix Alnylam a été remis à Christine Labreze et François Moisan pour le projet “Approche ARN interférent ciblant la mutation du gène GNAQ dans les anomalies vasculaires”, lors du Colloque Scientifique Annuel de la Fondation Maladies Rares.

 

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