Cette publication est le résultat de deux études cliniques de phase III, coordonnées par Julien Seneschal. Elle porte sur l’évaluation du Lebrikizumab, un traitement anticorps monoclonal dirigé contre la cytokine inflammatoire interleukine 13, dans la dermatite atopique.
La dermatite atopique est une maladie assez fréquente, inflammatoire et chronique qui donne souvent des plaques rouges irritantes extrêmement invalidantes pour les patients.
Dans cette étude, c’est le Lebrikizumab, un traitement que le service de Julien Seneschal au CHU de Bordeaux avait déjà eu la possibilité de tester il y a plusieurs années et qui avait montré des résultats intéressants, qui est évalué. Ces résultats ont été confirmés par ces deux études de phase III.
Parmi les mécanismes à l’origine de la dermatite atopique, les scientifiques connaissent l’importance d’une réponse inflammatoire de type II qui va faire intervenir un certain nombre de cytokines inflammatoires, notamment l’interleukine 4 et l’interleukine 13.
L’interleukine 13 a un rôle extrêmement important pour promouvoir l’inflammation au niveau de la peau, c’est-à-dire permettre le recrutement et l’activation de cellules immunitaires mais également avoir un impact sur la peau et la structure de l’épiderme en modulant sa fonction de barrière de la peau. L’impact de l’interleukine 13 est ainsi de moduler la différenciation épidermique, rendant la barrière plus fragile et plus susceptibe à promouvoir la réponse inflammatoire et ainsi donner l’ensemble des symptômes de la maladie.
Le Lebrikizumab va se fixer à l’interleukine 13 et va empêcher la fixation de celle-ci sur un des récepteurs utiles pour la signalisation et la promotion de l’inflammation.
Par contre, le traitement n’empêche pas la fixation de l’interleukine 13 sur un autre récepteur appelé récepteur leurre. La structure de cette thérapie va donc bloquer principalement la signalisation pro-inflammatoire tout en maintenant l’effet de régulation.
Ces deux études internationales ont donc montré des résultats convaincants quant au rôle du Lebrikizumab dans la dermatite atopique. En effet, les scientifiques ont constaté que lorsque le traitement est utilisé seul, 43 % des patients voient leur maladie complètement contrôlée ou presque et cela à 16 semaines. Par ailleurs, 52 à 58 % des patients constatent une amélioration de plus de 75 % de leur maladie.
De plus, ces traitements sont des biothérapies, dans ce cas ce sont des anticorps monoclonaux dirigés contre cette cytokine inflammatoire qui sont souvent extrêmement bien tolérés par les patients. Quelques effets secondaires tels que des conjonctivites peuvent être constatés mais ils sont moins fréquents qu’avec d’autres molécules également évaluées.
Le Lebrikizumab est donc une innovation thérapeutique qui permet d’apporter une nouvelle stratégie thérapeutique dans une maladie inflammatoire chronique pour les patients qui ont des formes modérées à sévères.