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Le Département et ses équipes de recherche mobilisées contre le COVID-19

Les équipes de virologies de l’unité UMR CNRS 5234 MFP viennent de déposer un projet de recherche sur le COVID-19. Marie-Line Andréola, Directrice de recherche au CNRS, nous explique quelles sont les missions de ces équipes et en quoi consistent leurs recherches.

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Pourriez-vous nous présenter les missions de votre unité ?

« Nos équipes de virologie développent des projets de recherche fondamentale en utilisant des approches biochimiques, de biologie cellulaire, structurales et d’imagerie. Nous développons également des projets de recherche transversale, par exemple sur la résistance aux antiviraux, avec le personnel hospitalo-universitaire de nos équipes et avons à cœur de renforcer le lien avec l’hôpital. »

Vous avez déposé un projet de recherche sur le Covid-19, pouvez-vous nous expliquer en quoi il consiste ?

« Nous avons déposé le projet ANACONDA (Analysis of Covid-19 infection and inflammatory response on a fully differentiated human bronchial epithelium model) dont le but est d'évaluer l'infection par le SARS-CoV-2 dans un modèle d'épithélium bronchique primaire. En utilisant ce modèle physiologique, nous utiliserons l'imagerie, la technologie RNAscope pour analyser la réplication virale au niveau cellulaire et le dosage des cytokines pour déterminer 1) quel type de cellule est (sont) la cible principale du SARS-CoV-2 et 2) quelle est la contribution de l'épithélium bronchique à la réponse immunitaire déclenchée par une infection par le SARS-CoV-2 et provoquant une morbidité élevée. Nous utiliserons des cellules primaires de différents donneurs présentant différents facteurs de risque et les corrélerons avec nos paramètres d'infection et de réponse immunitaire déterminés expérimentalement. Nous validerons ensuite notre approche en utilisant des souches circulantes de SARS-CoV-2 provenant de patients aux antécédents connus et isolées au CHU de Bordeaux (Hôpital Pellegrin).

Ce projet fait appel à différents partenaires avec des expertises complémentaires. Deux équipes de virologie du MFP y participent (Harald Wodrich, Marie-Edith Lafon et moi-même), ainsi que Thomas Trian, de l’équipe « Remodelage Bronchique » de Patrick Berger, (Centre de Recherche Cardiothoracique Bordelais de Xavier Arnozan, INSERM U1045. Ce projet bénéficiera aussi de l’expertise du Pr Denis Malvy, (service des maladies infectieuses et tropicales, CHU Pellegrin). »

Aviez-vous déjà travaillé sur des virus similaires auparavant ?

« Les projets sur lesquels nous travaillons en temps normal portent sur la compréhension des mécanismes de réplication de virus pour la plupart pathogènes pour l’Homme. On étudie également la réponse de l’hôte à l’infection virale. Le but est de proposer de nouvelles cibles thérapeutiques. En effet, si le mécanisme de réplication est bien connu, on peut proposer de nouvelles voies d’inhibition. De plus, l’identification de facteurs cellulaires importants pour la réplication virale permet d’envisager de cibler cette interaction pour bloquer la réplication virale, ou de développer de nouvelles stratégies antivirales, basées sur des interactions hôte-pathogène essentielles, pour stimuler l’immunité intrinsèque. Plus précisément, on étudie l’intégration du génome dans le cas des rétrovirus (VIH en particulier), la réplication de virus à ARN positifs émergents comme le Zika, mais aussi l’infection par des virus ADN comme les adénovirus ou BK virus.

Nous n’avons pas travaillé sur un virus type SARS auparavant. Mais nous avons acquis depuis des années l’expérience de l’étude de virus à ARN positifs enveloppés pathogènes pour l’homme, ce qui est le cas du SARS-CoV-2. Le projet déposé fait appel à des technologies que nous maitrisons dans nos recherches et activités quotidiennes. De plus nous sommes responsables du laboratoire de confinement L3 (UB’L3) de l’UMS TBM Core qui est une structure essentielle au développement de ce projet, le SARS-CoV-2 étant un virus de classe 3 à manipuler en confinement L3. Nous avons donc toutes les compétences nécessaires au développement de ce projet. »

En plus de ce projet que vous déposez, votre unité est fortement mobilisée, pouvez-vous nous expliquer comment ?

« Les membres de notre unité appartenant au laboratoire de virologie du CHU de Bordeaux, dirigé par Marie-Edith Lafon, sont fortement mobilisés et assurent le diagnostic des échantillons suspects de la région depuis le tout début de l’épidémie. Le CHU de Bordeaux a reçu l’un des tous premiers patients positifs à l’infection Covid-19. Par ailleurs, la recherche en virologie de notre unité est mobilisée pour répondre à l’épidémie en proposant divers projets : par exemple nous avons soumis un projet en collaboration avec le Pr Philippe Barthélémy du laboratoire ARNA (INSERM U1212 / UMR CNRS 5320, Département STS) portant sur le développement d’une approche thérapeutique originale à base d’oligonucléotides à visée thérapeutique. »