Créée il y a 10 ans, la médaille de l’innovation du CNRS honore des personnalités dont les recherches exceptionnelles ont conduit à des innovations marquantes sur le plan technologique, économique, thérapeutique et social, valorisant la recherche scientifique française.
Pierre Nassoy, directeur de recherche CNRS au Laboratoire Photonique Numérique et Nanosciences (LP2N), a reçu sa médaille le 16 juin dernier des mains de Sylvie Retailleau, ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche et Antoine Petit, président-directeur général du CNRS.
En s’inspirant des perles de saveurs de la cuisine moléculaire, Pierre Nassoy et son équipe ont eu l’idée d’encapsuler des cellules pour générer des agrégats cellulaires (appelés sphéroïdes et organoïdes en fonction de leur provenance cellulaire). Ces micro-tissus tri-dimensionnels in vitro peuvent ainsi permettre de réduire les expérimentations animales.
Concrètement, les chercheurs ont développé une méthode physique de micro-fluidique permettant d’encapsuler des cellules dans des coques sphériques d’alginate, un biopolymère extrait des algues brunes. En exploitant une instabilité hydrodynamique, pour obtenir des gouttes inférieures au millimètre, les chercheurs ont commencé à mimer des micro-tumeurs. Comme la technique des Capsules Cellulaires permet de produire des agrégats multicellulaires en grand quantité (de l’ordre de 300 000 par minute), cela ouvre de nombreuses applications en criblage d’espèces actives à haut débit.
En 2014, Kevin Alessandri, ancien étudiant de Pierre Nassoy, rencontre Maxime Feyeux. Ils sont tous les deux post-doctorants à l’Université de Genève et décident de venir à Bordeaux au LP2N pour tenter d’appliquer cette technique d’encapsulation aux cellules souches. Grâce à l’aide du CNRS, de l’Université de Bordeaux (IdEx), de la Région Nouvelle-Aquitaine, de la SATT (Aquitaine Science Transfert) la société TreeFrog Therapeutics a été créée fin 2018. Pierre Nassoy fait d’ailleurs partie du conseil scientifique de la start-up.
En parallèle, l’équipe de recherche BiOf (Bioimagerie et Optofluidique) du LP2N, comprenant notamment Pierre Nassoy et Gaëlle Recher, recevait de nombreuses demandes de collaborations, notamment pour des projets en cancérologie. Pour répondre à la demande de la communauté scientifique, la plateforme VoxCell a été créée au sein de l’Unité d’Aide à la Recherche TBMCore. Laetitia Andrique, ingénieure de recherche, en est la responsable scientifique et technique. Pierre Nassoy et Gaelle Recher font partie du conseil scientifique de la plateforme. Gaëlle Recher, chargée de recherche et spécialiste de l’auto-organisation cellulaire et de morphogenèse tissulaire au sein de l’équipe BiOf, apporte ses compétences en microscopie par des approches combinant imagerie à moyen débit et microfabrication par impression 3D.
En 2022, 70% des projets de VoxCell concernent encore la cancérologie, avec une diversification, par exemple vers la cardiologie et la pneumologie, en collaboration avec des laboratoires bordelais ou nationaux. En effet, la technique d’encapsulation permet de produire à la fois des capsules sphériques et tubulaires. Elle est donc parfaitement adaptée pour fabriquer des « vesseloïdes » ou des « bronchioïdes » mimant les vaisseaux sanguins et les tubes bronchiques.
La R&D de VoxCell repose sur des collaborations avec l’équipe BiOf, dont l’effectif a été complété récemment par l’arrivée d’Amaury Badon, opticien, mais aussi avec d’autres laboratoires environnants en fonction des besoins. Cela permet à VoxCell d’enrichir son offre d’outils innovants. Par exemple, à la suite d’une forte demande des utilisateurs, un microscope embarqué dans un incubateur permettant une imagerie parallélisée sur plusieurs semaines ou un trieur de capsules devraient être bientôt disponibles.
Soucieuse de développer tout l’écosystème autour des capsules cellulaires, Laetitia Andrique a déjà développé un circuit entre la plateforme d’histopathologie (responsable : Nathalie Dugot-Senant) et VoxCell. Andrea Catel, technicienne, travaille déjà avec les deux plateformes dans ce sens. Un élargissement de ce circuit inter-plateformes au sein de TBMCore est en cours, par exemple avec CRISP’edit et OncoProt. Enfin, VoxCell a aussi des interactions privilégiées avec le BIC (Bordeaux Imaging Center) pour imager ces organoïdes encapsulés. Ces efforts constants d’amélioration et l‘enrichissement du service devraient permettre à VoxCell de devenir une plateforme d’organoïdes incontournable sur le territoire national. Elle est d’ailleurs référencée parmi les plateformes labellisées par le GdR Organoïdes.
Contact de la plateforme VoxCell :
Responsable scientifique et technique :
Laetitia Andrique IR CNRS :
laetitia.andrique@u-bordeaux.fr
En savoir plus :
VoxCell