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L’Unité 1034 récompensée pour ses travaux sur les maladies cardiovasculaires

Le Pr Thierry Couffinhal, directeur de l’U1034 « Biologie des Maladies Cardiovasculaires » du Département Sciences Biologiques et Médicales de l’université de Bordeaux a reçu pour son équipe le Prix Jean-Paul Binet 2022 de la Fondation pour la Recherche Médicale. Il nous parle des travaux de recherches sur les pathologies cardiovasculaires qui ont été récompensés.

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Une unité mono-équipe dans la lutte contre les maladies cardio-neuro-vasculaires

« Notre Unité fait partie des première Unités Inserm (U8) créées en France. Pour la petite anecdote, elle a été inaugurée par Jacques Chaban-Delmas et Simone Veil » annonce d’emblée le professeur Couffinhal.

Spécialisée dans le domaine cardio-vasculaire, l’Unité se consacrait à l’origine à l’athérosclérose, maladie des gros vaisseaux, elle a étudié pendant quelques temps l’angiogenèse avant de se dédier depuis 2007 aux maladies liées aux petits vaisseaux et à l’endothélium.

Composée d’une cinquantaine de personnes dont cinq chercheurs Inserm, cette unité mono-équipe réparti ses travaux en trois thèmes : « endothélium et insuffisance cardiaque », « endothélium et démence » et « endothélium et thrombose ».  

Le premier thème, sous la responsabilité de Marie-Ange Renault, s’intéresse à l’insuffisance cardiaque à fraction d’éjection préservée, représentant la moitié des insuffisances cardiaques : le cœur se contracte mais se relaxe difficilement.

« Nous avons été l’une des premières équipes à montrer que le petit vaisseau avait un rôle dans la fonction cardiaque et lorsque la fonction du réseau microvasculaire et de l’endothélium est altérée, cela suffit à induire cette forme d’insuffisance cardiaque » relate Thierry Couffinhal. Cela a ainsi été montré avec différents types de souris transgéniques dont la fonction endothéliale a été perturbée.

« Nous avons par ailleurs une collaboration emblématique avec les endocrinologues sur la population des transgenres. Les études montrent en effet que cette population décède plus fréquemment de maladies cardiovasculaires. Nous sommes donc en train d’étudier l’impact des hormones féminines chez les hommes et inversement afin de comprendre cette surmortalité cardiovasculaire. » 

Le deuxième thème de l’équipe concerne les petits vaisseaux et la démence. Développé depuis 2015 par Cécile Duplaa et Candice Chapouly, il s’est beaucoup développé avec les Actions Thématiques Transversales (ATT) de l’Université. « Nous avions fait une ATT sur le vieillissement vasculaire ce qui a accéléré nos travaux sur ce domaine. Nous avons ensuite formalisé avec le Pr S. Debette, la FHU SMART puis le RHU Shiva sur la maladie occulte des petits vaisseaux cérébraux et la démence. »

Les travaux des chercheurs s’intéressent à comprendre comment l’altération des petits vaisseaux conduit à une forme de démence d’origine vasculaire.

« La démence ne concerne pas seulement la maladie d’Alzheimer, il y a une forme de démence qui est purement vasculaire avec des altérations différentes dans le cerveau. Ces dernières années, nous nous sommes aperçus qu’il y avait une participation vasculaire importante dans la maladie d’Alzheimer » explique le Directeur du laboratoire. L’objectif des chercheurs est d’observer comment le vaisseau va altérer la barrière hématoencéphalique et son fonctionnement. « Nous abordons cette question sous plusieurs angles : d’abord celui du RHU avec de grosses cohortes humaines sur lesquelles nous faisons de la génomique ou de la transcriptomique à l’échelle d’une population et nous essayons de trouver des gènes cibles liés aux anomalies IRM. »

L’équipe essaie ensuite de découvrir si ces gènes cibles ont un lien avec la pathologie des petits vaisseaux cérébraux ou la démence et quel peut-il être.

Le sujet est également abordé d’une part autour du système du complément et de la démence et d’autre part par une approche plutôt tournée sur la façon dont l’endothélium contrôle le métabolisme du cerveau et altère les fonctions cognitives. 

Le troisième thème de l’équipe, emmené par Chloé James s’intéresse aux thrombus qui peuvent se former sur un endothélium dysfonctionnel. « Chloé James se concentre sur l'interaction entre les cellules sanguines et endothéliales dans la pathogenèse de la thrombose » poursuit le professeur.

L’équipe de « Biologie des Maladies Cardiovasculaires » collabore avec le centre Bordeaux Population Health autour du RHU mais également avec l’équipe de Jean-Max Pasquet (U1312 BRIC) et l’UMR 5164 ImmunoConcept sur les thromboses.

L’objectif prochain de l’Unité – une ambition non scientifique – est la réhabilitation de l’animalerie envisagée d’ici la fin de l’année.

Une Unité lauréate du Prix Jean-Paul Binet 2022 de la Fondation pour la Recherche Médicale

En janvier 2023, le Pr Couffinhal a reçu, pour l’ensemble du travail de l’équipe de ces dix dernières années, le prix Jean-Paul Binet 2022 de la Fondation pour la Recherche Médicale.

Ce prix, d’un montant de 12 000 €, est issu d’une donation de Jean-Paul Binet. Il est destiné à récompenser des travaux de recherches cliniques ou expérimentales sur les pathologies cardiovasculaires ou sur les xénogreffes.

Le Pr Thierry Couffinhal, cardiologue au CHU de Bordeaux et directeur de l’Unité « Biologie des maladies cardiovasculaires » nous raconte son cursus

Thierry Couffinhal débute ses études de cardiologie à Bordeaux, puis rejoint l’Unité 1034 pour un DEA, avant de commencer une thèse de science. Il reprend ensuite l’internat et fait un postdoctorat en recherche cardiovasculaire dans le laboratoire du Dr J.M. Isner, pionnier de la thérapie génique cardiaque au St Elizabeth Medical Center of Boston, aux États-Unis. A son retour à Bordeaux, il débute des travaux dans l’équipe sur la voie de signalisation Wnt/ Frizzled et démontre son importance dans l’angiogenèse.

« Lorsque Jacques Bonnet, directeur de l’Unité quitte ses fonctions, il me propose de prendre la suite, ce que j’accepte volontiers ».

Depuis 2007, Thierry Couffinhal dirige ainsi l’Unité 1034 Inserm « Biologie des Maladies Cardiovasculaires », sur le site de l’Hôpital Haut-Lévêque, à Pessac. Il est également cardiologue au CHU de Bordeaux.