Le système MACSima, développé par Miltenyi Biotec, repose sur une méthode d’immunofluorescence automatisée en cycles successifs. Il permet de détecter jusqu’à 200 protéines sur une même coupe de tissu.
Grâce à des anticorps couplés à des fluorochromes, l’appareil réalise une série d’analyses image par image. À chaque cycle de 3 anticorps, le système acquiert une image puis les flurochromes sont inactivés ou lysés pour qu’un autre trio d’anticorps prenne la suite. Cette approche permet une cartographie spatiale ultra-détaillée des tissus, essentielle pour les projets en oncologie, immunologie ou encore en neurosciences.
L’atout du MACSima ? Un niveau de détail inégalé. « On peut cartographier précisément l’environnement tumoral : vaisseaux, cellules immunitaires, cellules tumorales en prolifération ou en apoptose. Avec le système MACSima, nous allons caractériser très finement toutes ces cellules », explique Nathalie Dugot-Senant. « Cela offre un véritable mapping fonctionnel du tissu, sans dissociation », ajoute Thomas Daubon.
« Jusqu'à présent, nous pouvions détecter une douzaine de protéines sur une lame avec la microscopie spectrale. Aujourd’hui, c’est jusqu'à 200 marqueurs que nous pouvons cibler sur un même tissu », précise encore Nathalie Dugot-Senant.
- Une modernisation majeure pour la plateforme
Grâce au congrès de l’Association française d’histotechnologie et aux liens établis avec les industriels, Nathalie Dugot-Senant a pu initier, avec le Département SBM, une série de séminaires techniques dès 2022. Les sociétés Miltenyi, Akoya et Leica y ont alors présenté leurs systèmes de multiplexage.
« Dès mon arrivée en 2022, nous avons engagé une réflexion pour moderniser la plateforme tout en conservant son activité historique », raconte Thomas Daubon. Très tôt, il se rend à une démonstration du système MACSima en Allemagne.
« Nous avons été convaincus par son potentiel collectif : cette technologie permet de générer des données omiques riches à partir d’un seul tissu, ce qui représente une évolution considérable pour nos projets de recherche. »
- Une première en Nouvelle-Aquitaine
La plateforme d’histopathologie est la seule de la région équipée de cet appareil, et l’une des rares en France.
Le choix du MACSima résulte d’une réflexion locale et collaborative : « Un des atouts était que de nombreux anticorps déjà utilisés par les équipes d’ImmunoConcEpT et déjà validés en cytométrie étaient compatibles avec l’appareil. Cela permet un gain de temps et de budget pour les chercheurs », explique Thomas Daubon.
Côté financement, la plateforme a bénéficié d’un soutien combiné de la Fédération des plateformes et du programme RRI NewMoon de l’université de Bordeaux, de la Région Nouvelle-Aquitaine et d’un appel à projets « gros équipement » de la Ligue contre le cancer.
- Un outil complexe mais accessible
La mise en route a nécessité plusieurs semaines de validation et une formation approfondie. « L’analyse d’image est très complexe, mais reste abordable », indique Thomas Daubon. Le logiciel fourni est pensé pour être utilisable sans bio-informaticien.
Nathalie Dugot-Senant insiste sur l’importance de l’accompagnement : « Nous supervisons tous les projets. La conception du panel d’anticorps, la préparation du tissu, l’analyse des images : tout est fait en lien avec l’équipe utilisatrice. »
De nombreux projets sont déjà en préparation : « Plusieurs équipes du BRIC, d’ImmunoConcEpT, de l'Institut Magendie, de l’IMN et de l’IBGC se sont manifestées. Un premier projet supervisé totalement par Nathalie a débuté en juin. Nous accueillerons aussi des collaborateurs internationaux en 2026 », note Thomas Daubon.
- Un accompagnement indispensable
« L’accès est ouvert à toute l’université de Bordeaux, mais la machine a une capacité limitée. Il faut donc anticiper », prévient Nathalie Dugot-Senant. Un seul scan peut durer plusieurs heures voire plusieurs jours.
« Nous proposons également un accompagnement à la préparation des dossiers de financement. Cette étape est cruciale pour anticiper les besoins techniques et budgétaires des projets », explique Thomas Daubon.
À noter : Un séminaire dédié au MACSima sera organisé le lundi 24 novembre à 15h dans l’amphithéâtre du BBS.