Pouvez-vous nous présenter le projet HORUS ?
Hannah Kaminski : « HORUS, pour « Casting Light on HOst-cytomegaloviRUs interaction in Solid organ transplantation » est un projet 2021-2027 Horizon Europe « Tackling diseases » pour lequel nous avons obtenu un financement de 7 millions d’euros pour 5 ans.
Même si l’appel d’offre paru en avril 2021 semblait assez orienté vers la COVID-19, après discussion avec l’équipe à Immunoconcept et le project officer de la comission européenne, nous avons proposé un projet sur le virus sur lequel nous travaillons depuis de nombreuses années : le cytomégalovirus et dont nous étudions les effets sur la réponse immunitaire en transplantation rénale et notamment sur les lymphocytes T gamma delta.
Nos deux collaborateurs suisses et espagnols, travaillant sur la réponse conventionnelle T anti-cytomégalovirus (CMV) en immuno-monitoring étaient eux aussi partants .»
Quel est l’objectif d’HORUS ?
« Dans ce projet, nous allons réaliser une analyse intégrée de tous les acteurs de la réponse humorale et cellulaire anti-CMV, les caractéristiques cliniques des patients et les caractéristiques virologiques en utilisant différentes techniques, notamment le single cell et le phénotypage cellulaire de façon à définir une signature globale du risque d’infection à CMV, et du risque d’infection à CMV difficile à traiter chez les patients avec transplantation rénale mais aussi pulmonaire cardiaque et hépatique. Ce projet se fera avec l’aide de différents partenaires cliniques pour la constitution de la cohorte de patients et de partenaires scientifiques.
Ce projet vise à améliorer notre compréhension de la relation « hôte-virus » entre le cytomégalovirus et les receveurs de greffes d’organes solides pour découvrir des signatures intégrant les caractéristiques virales, cliniques et immunologiques associées au contrôle du CMV. Le but ultime est de diminuer l’incidence du CMV, de mieux gérer les infections difficiles à traiter, d’éviter l’utilisation de thérapies antivirales inutiles, et de découvrir de nouvelles molécules capables de cibler spécifiquement la réponse immunitaire du CMV sans augmenter le risque de rejet aigu.
Nous aimerions ensuite pouvoir adapter ces stratégies à plusieurs greffés d’organes solides. En effet, les études en cours actuellement s’intéressent essentiellement aux transplantés rénaux et peu de données existent concernant les patients avec greffes pulmonaires, cardiaques et hépatiques, alors que le CMV provoque des infections graves et fréquentes chez ces patients. »
Qui sont les partenaires de ce projet ?
« 16 partenaires sont impliqués dans ce projet. Nous avons une collaboration avec des cliniciens (Pierre Merville et Lionel Couzi néphrologues au CHU de bordeaux, Antoine Roux, pneumologue à l’Hôpital Foch, Dany Anglicheau, néphrologue à l’Hôpital Necker à Paris, Faouzi Saliba, hépatologue à l’Hopital Paul Brousse à Paris, Olivier Thaunat et Alice Koenig, néphrologues au CHU de Lyon, Nassim Kamar, néphrologue à l’Hôpital de Toulouse, Guillaume Coutance, cardiologue à l’Hôpital La Pitié Salpétrière à Paris, Luciano Potena, cardiologue à Bologne en Italie, Oriol Bestard, néphrologue à Barcelone en Espagne, Oriol Manuel, infectiologue au CHUV de Lausanne en Suisse et Tomas Reishig, néphrologue à l’Université de Karlova en République Tchèque) qui vont nous aider à constituer une cohorte de patients greffés multi-organes à J-0 de greffe et pendant l’infection.
Les partenaires scientifiques (Martina Sester, USAAR en Allemagne, David Vermijlen, ULB en Belgique, Marcus Altfeld, HPI en Allemagne, Immo Prinz, UKE en Allemagne, Alice Koenig, Université Lyon Claude Bernard, Sophie Alain, Université de Limoges, Valentin Quiniou et Phuong Pham de Parean Biotechnologies pour l’analyse computationnelle) vont participer à analyser la réponse immunitaire anti-CMV des différents acteurs pour essayer d’établir une signature qui soit la plus précise possible, et également réaliser des projets plus fondamentaux sur la compréhension de la réponse immunitaire anti-CMV et le développement de molécules visant son optimisation dans le contexte d’immunosuppression liée à la greffe d’organe.
Au sein du laboratoire ImmunoConcept, c’est un vrai travail d’équipe car il implique Victor Appay, Julie Déchanet-Merville, Myriam Capone et il inclut Isabelle Pellegrin, Laura Richert, Pierre Merville et Lionel Couzi, du CHU de Bordeaux.
Enfin, l’European Society For Organ Transplantation nous soutient pour tout ce qui concerne l’aspect communication et dissémination du projet. »
C’est un projet de grande envergure que vous portez !
« Effectivement, c’est vertigineux de démarrer un projet aussi imposant ! Sans le soutien de toute l’équipe, je ne me serai jamais lancée seule. Je ne sais pas si je mesure encore l’ampleur de ce projet, mais c’est une chance de bénéficier de ce financement européen et c’est une belle aventure collective.
En tant que coordonnatrice, je participe à construire l’aspect scientifique, mais à partir de novembre, je vais être épaulée par un chef de projet, en cours de recrutement, qui va nous aider à l’accomplissement du projet sur le plan administratif, la communication, l’organisation des réunions… »